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Ferme du Mont d'Or : Emmanuel, un paysan (re)constructeur

Dernière mise à jour : 12 avr.

Depuis 2010, à une trentaine de kilomètres de La Rochelle, au Thou précisément, Emmanuel pratique une agriculture biologique pour nourrir les humains dans sa Ferme du Mont d'Or. Loin de se contenter de répondre à un cahier des charges, Emmanuel essaye d’être le plus vertueux possible : restauration de la biodiversité, vente en direct et en circuits courts, ouverture de sa ferme au public, sensibilisation des acteurs de l’agro-alimentaire à la transition agro-écologique… Au début de l’automne dernier, un doux matin ensoleillé, il nous a fait l’honneur de nous accorder une heure d’entretien, pour parler de son métier… PODCAST EN FIN D'ARTICLE.





Emmanuel est paysan.

Pas agriculteur ni céréalier,

termes généralistes

qui disent finalement peu du métier

ou sa façon de l’exercer ;

encore moins un « exploitant agricole »,

catégorie socio-professionnelle

en vigueur dans la nomenclature

des ministères, en particulier de l’agriculture,

vocable qu’il exècre un peu :

« Je me sens tout simplement paysan.

Parce que le paysan,

il s’inscrit

dans le paysage,

dans le pays.

Il se nourrit des interactions fortes

avec le territoire,

ses populations,

la biodiversité…

Et je tends vers l’idée de

moins exploiter :

le sol,

les êtres humains,

ma personne… »


Emmanuel est paysan.

Qui a pour ambition de

nourrir les humains !

Quoi ?

Il y a des paysans qui

ne nourrissent pas les humains ?

Ah… vaste chapitre

du modèle agricole dominant…

que nous n’aborderons pas ici

(pour ultérieurement mieux y revenir).


Pour nourrir les humains,

Emmanuel cultive,

sur 100 hectares,

enfin pas tout à fait mais on y reviendra,

des blés anciens

qui alimentent une boulangerie artisanale locale,

une orge ancienne de l’île de Ré

qui sert à une brasserie pour faire de la bière locale,

du sarrasin qui, en circuit ultra-court et « sur-place »

sert à faire les galettes, entre autres, du Collectif l’éMoi en Nous,

du seigle,

du petit épeautre et du grand épeautre

pour faire du pain et de la farine,

du thym pour faire de la tisane bio,

du tournesol et de la capeline pour faire de l’huile,

des lentilles…

Le tout vendu en circuit court

à l’échelle locale

quand c’est possible

puis à l’échelle nationale

quand les débouchés locaux sont insuffisants,

toujours auprès d’acteurs

respectueux de l’environnement :

la Corab par exemple,

une coopérative de producteurs bio depuis 1998.

Emmanuel cultive donc

plus d’une dizaine de variétés.

Pas inutile

pour s’adapter

aux aléas climatiques

qui devraient s’intensifier.

La diversité,

clé de la résilience ?

Sûrement.

La biodiversité aussi !


Emmanuel est paysan.

(Re)constructeur.

Quand on a dit

qu’il cultivait

sur 100 hectares,

on n’a pas précisé

qu’une dizaine d’hectares

étaient dédiés

à la restauration de la « nature » :

haies,

bandes enherbées

et bientôt un cortège de mares

parsèment la ferme.

Un kilomètre planté chaque année

depuis 14 ans

avec l’aide de bénévoles :

« Je pourrais le faire tout seul

dans mon coin

mais ça irait moins vite

et ça n’aurait pas de sens pour moi ».

Résultat ?

Le partenariat nature-culture

est naturellement bénéfique

à l’ensemble du vivant

dont l’humain n’est qu’un maillon de la chaîne.

La vie revient alors toute seule

et assez vite, même.

« La première année, il y avait de la vie

et en deux ans, la vie est revenue à son optimum »,

précise Emmanuel.

Avec quelques belles surprises,

en particulier du côté de la mare :

des Martin-pêcheur

des tritons

des grenouilles

et autres amphibiens divers et variés…

Et ce phénomène vertueux

voit fleurir dans les espaces « renaturés »

par l’humain

des espèces qu’il n’y a pas mise :

« On voit pousser des arbres pionniers dans la région

qu’on n’a pas plantés

comme

le frêne,

l’érable

et dont les graines ont été acheminées

par les oiseaux ».

Ça nous rappelle Ferrat, qui chantait :

« Un oiseau qui fait la roue

sur un arbre déjà roux

et son cri par dessus tout,

que c'est beau,

c'est beau la vie. »

En l’espèce, oui !


Emmanuel est paysan.

Solidaire.

Il y a quelques années,

il a accepté d’héberger,

sur quelque cinq hectares de sa ferme,

l’association Arozoaar,

membre du réseau Jardins de Cocagne,

qui agit dans le domaine de l’insertion professionnelle

par le prisme du maraîchage biologique

(dont on vous parlera dans les semaines à venir).

Association avec laquelle

il crée évidemment des synergies

comme la fourniture de farines

à sa boulangerie.


Emmanuel est paysan.

Ouvert.

D’ailleurs, il trouve que le mot « ferme »

n’est pas très heureux.

Il lui préfère le mot « ouverture ».

C’est donc tout naturellement

que la ferme est devenue

le camp de base

du collectif l’éMoi en Nous,

qui entend faire vivre

les valeurs écologiques et humanistes

qui l’animent

en organisant des événements festifs

dans ce lieu poético-magique.

Week-end thématiques remplis

de chantiers participatifs,

jeux,

ateliers divers et variés,

marché de producteurs,

rencontres,

siestes,

concerts…

et de la désormais fameuse guinguette du Mont d’Or

où déguster, entre autres,

les tout aussi fameuses galettes du Mont d’Or

(réalisées avec le sarrasin de la ferme, souvenez-vous).

Vraiment, faites-y une halte,

le 27 avril prochain pour la projection-débat

autour du film "La théorie du boxeur" par exemple,

ça vaut toujours le coup !


Emmanuel est paysan.

Hyper vertueux,

vous l’aurez compris.

Bon !

Mais c’est une bonne situation, ça,

paysan agro-écologique ?

Bah, il y a des hauts et il y a débats

(surtout sur CNews)…

Mais comme on est entre gens sérieux,

on ne va pas généraliser.

Il se trouve que la situation d’Emmanuel

est hyper intéressante :

il a repris la ferme de son père en 2010.

Son père qui, si on a bien compris,

était un céréalier plutôt conventionnel

depuis plusieurs décennies.

Il y a donc matière à faire

des observations intéressantes

à territoire identique,

domaine de production identique

et pas de temps assez conséquents…

On ne vous en dira pas plus dans ces lignes

déjà bien longues,

la réponse est dans le podcast juste en dessous.


Vous y découvrirez plein d’autres infos :

des idées pour rendre le métier attractif,

comment les acteurs locaux s’organisent

pour développer des filières agro-alimentaires vertueuses,

des pistes pour adapter le modèle agricole

face au réchauffement climatique,

le futur enviable d'Emmanuel…

Une heure d’écoute passionnante.

(Bon, on n'est pas très objectifs

mais au contraire d'autres journalistes :

on l'assume ;-) !)


Pour conclure,

on ne sait pas si le futur enviable

que nous appelons de nos voeux adviendra

mais on est sûr qu’à la ferme du Mont d’Or,

le bonheur est présent.




Objectifs de développement durable en lien :



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