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Transition(s) : Charentes Tourisme met « Les Pieds dans le Plat » !

lespandasroux

Dernière mise à jour : 8 janv.

Pour relever les défis des transitions en cours, Charentes Tourisme est devenue association à mission et a lancé, en fin d’année 2024, un podcast de sept épisodes pour aborder ces sujets avec les acteurs du secteur et ses publics. Rencontre avec Perrine Belin et Pierre Migaud, respectivement directrice de la performance et responsable événementiel.





En 2024, il ne fait plus de doute pour personne (ou presque) que le développement touristique des territoires doit évoluer pour répondre aux enjeux écologiques, sociaux et économiques actuels et qu’habitant·es, visiteur·euses et acteurs cohabitent pour le mieux. Souvent pointé du doigt - parfois à juste titre - le secteur du tourisme doit relever de nombreux défis. Charentes Tourisme a décidé de s’en saisir pour ne pas subir. De manière constructive et collaborative. C’est pour cette raison qu’elle est devenue association à mission en 2024 et qu’elle a lancé un podcast dont la première saison (une deuxième est actée pour 2025) aborde ces sujets variés, de manière parfois inattendue, dans une impertinence constructive.




 

Les chiffres du tourisme


Exceptionnellement, nous ne donnerons pas de chiffres ici.

Car on s’est aperçu, en échangeant avec Perrine et Pierre, que traiter la question du « tourisme », c’est extrêmement large. Et donner les 3-4 chiffres habituels sur l’empreinte carbone du tourisme en France, le nombre de visiteur·euses ou de nuitées et le chiffre d’affaires qu’il génère, c’était (très) réducteur et que c’était prendre le sujet par le petit bout de la lorgnette.

Nota : si vous êtes adeptes des chiffres, il y en aura quelques uns dans cet article et vous en trouverez également là : Saison touristique d'été 2024Les chiffres touristiques dans les Charentes.


 


Charentes Tourisme : quelle (nouvelle) raison d’être ?


Missionnée par les départements de la Charente et de la Charente-Maritime, Charentes Tourisme est une agence de développement touristique qui s’engage « à relever avec créativité et coopération les défis des transitions pour incarner et impulser un tourisme positif et équilibré », comme le stipule sa toute nouvelle raison d’être, retravaillée à l’occasion de sa récente obtention du statut "d’association à mission".

La « société à mission » est un statut hérité de la Loi Pacte de 2019 qui fixe un cap quant à l’utilité sociale d’une structure. Il lui impose de se fixer une raison d’être et des objectifs statutaires pour tenir ses engagements sociaux et environnementaux. Entre septembre 2023 et juin 2024, Charentes Tourisme a travaillé à l’obtention de ce statut. « Pour nous, l’enjeu de cette démarche, c’était de réaffirmer encore plus notre contribution au bien commun. On avait déjà obtenu le Label « Engagé RSE » de l’Afnor en 2023 mais on voulait aller plus loin. Et on a trouvé dans cette qualité d’association à mission une démarche structurante. C’est un exercice qui permet de mettre en lumière l’existant d’un côté et de l’affiner de l’autre et d’affirmer ce vers quoi on voulait tendre en tant que structure à mission », explique Perrine.




« Pas une caution mais un point de départ »


« Ce n’est en aucun cas une finalité ou une caution, on est vraiment sur un point de départ », précise Pierre.

« On n’est qu’au tout début de ce qu’on peut imaginer avec ce statut de structure à mission ». Si la raison d’être devait être simplifiée, ce serait « relever le défi des transitions » pour l’objectif. « Avec « créativité et coopération », c’est l’ADN historique de Charentes Tourisme », explique Perrine. « On a toujours travaillé en partenariat et tenté d’innover, de casser les codes. C’est d’ailleurs ce qui a présidé à la création du podcast « Les Pieds dans le Plat ! ». On y reviendra. « Pour nous, le tourisme, c’est d’abord une activité positive. C’est une activité d’échanges, une activité de rencontres, on voulait vraiment remettre ça au coeur de notre raison d’être » insiste Perrine. Vrai ! Mais le tourisme a un impact… Localement, si on ne peut pas parler de surtourisme, ses impacts, qui plus est dans un monde en pleins bouleversements, appellent tout de même des réponses à la hauteur des enjeux.



 

Le surtourisme, c’est quoi ?


Le surtourime (ou overtourisme) est le terme qui désigne le phénomène de saturation de certains sites touristiques par un nombre croissant de visiteur·euses.


D’après l’Organisation mondiale du tourisme, 95% des touristes mondiaux visiteraient moins de 5% des terres émergées. À l’échelle de la France, c’est 80% de l’activité touristique qui se concentre sur 20% du territoire.

Ce qui engendre un tas de problèmes : nuisances auprès des populations locales, déséquilibres locatifs, surconsommation de ressources naturelles, accroissement des déchets, pollutions des eaux et des sols, destruction des écosystèmes, menaces pour le patrimoine culturel…


 


Un autre tourisme est possible…


Pour éviter le surtourisme dans les Charentes, dont quelques zones peuvent périodiquement souffrir (le Vieux-Port de La Rochelle l’été par exemple) tout en développant le secteur et en offrant des moments de découvertes aux visiteur·euses, Charentes Tourisme s’est fixé quatre objectifs statutaires :

> accompagner les territoires et les filières face aux défis des transitions ;

> contribuer à un tourisme positif et équilibré en veillant à la satisfaction de toutes les parties prenantes (touristes, habitant·es, acteurs) ;

> créer les conditions d’une démarche active de coopération et d’innovation avec les parties prenantes ;

> faire de Charentes Tourisme une référence en partageant les réussites collectives et les expertises individuelles, en essayant d’incarner et de s’appliquer à elle-même les préceptes et objectifs de la démarche.




Concrètement, ça se traduit comment ?


Par exemple, sur le sujet majeur de la mobilité, premier poste en termes d'émissions de gaz à effet de serre, Charentes Tourisme travaille à développer des séjours pour une clientèle plus locale, vivant en France et non à l’étranger, à portée de train. Elle travaille également, en partenariat avec l’Ademe et le Comité régional du tourisme, à développer des séjours qui mettent en valeur des prestataires engagés et qui font la part belle à l’usage des mobilités douces une fois les visiteur·euses sur le territoire : promotion de balades à vélo (Flow Vélo, Vélodyssée…) et des transports en commun. Basique en 2024, nous direz-vous. Mais elle ne s’interdit pas des expérimentations plus « impertinentes », dans le secteur événementiel, comme l’interdiction d’accès à certains événements aux intervenant·es qui voudraient s’y rendre en avion. Une idée piquante évoquée dans l’épisode du podcast dédié à l’eco-conception des événements.




La question brûlante de l’adaptation au changement climatique


Penser le tourisme de demain, c’est évidemment développer des offres qui atténuent les impacts du secteur sur le réchauffement climatique (et ses corollaires sociales, pollutions, tension sur les ressources, etc.) mais c’est aussi panser ses impacts immédiats. C’est pourquoi, en fin d’année 2024, Charentes Tourisme organisait une « Journée de l’ingénierie touristique ». Elle réunissait les agents des collectivités territoriales autour de la question de l’adaptation au changement climatique. Interventions d’expert·es, retours d’exépérience, témoignages, ateliers de travail ont permis aux professionnels du tourisme d’aborder des questions très prosaïques comme la montée des eaux, l’érosion des côtes (et le recul du trait de côte), la sécurité des touristes… La directrice de la Vélodyssée a ainsi pu faire part de son expérience de gestion des flux d’urgence des cyclistes durant les incendies qui ont ravagé des forêts dans les Landes à l’été 2022. La Fédération des campings de Nouvelle Aquitaine a elle partagé son expérience de la gestion des submersions marines (tempête Xynthia) et des inondations (crues de la Charente) entrainant le déplacements de structures touristiques pour libérer des espaces et éviter les récidives… Des sujets très concrets qui ne peuvent rester sans réponses et qu’il est plus facile de gérer en concertation et dans le partage de bonnes pratiques. Perrine indique qu’en 2025, la question de la ressource en eau sera un des sujets majeurs portés par Charentes Tourisme.



Un podcast (plein de surprises) pour comprendre...


La création du podcast « Les Pieds dans le Plat ! » est l’un des outils de cette démarche de sensibilisation et d’échanges portée par Charentes Tourisme. « Passer à l’action, c’est indispensable. Mais pour passer à l’action, il est indispensable de comprendre pourquoi », explique Pierre. L’idée de ce podcast est de lancer des discussions avec des expert·es à la fois internes et externes (la fameuse dimension coopérative de l’association) dans un format innovant qui ne soit pas plombant (la dimension créative de la raison d’être, souvenez-vous !) pour aborder les différentes transitions auxquelles doit faire face le secteur touristique : environnementales, sociales, économiques, numériques… sans être moralisateur. « On était dans une posture d’explorateur de tendances. On l’a abordé avec humilité, en ayant envie d’apprendre. » Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les sept thématiques abordées dans la première saison, mention spéciale pour le titre, donnent envie. Et qu’elles ne déçoivent pas.


Liste des épisodes :

. Communication touristique : menace ou opportunité pour les territoires ?

. La pratique du vélo : où sont les femmes ?

. Vacances pour tous : leurre ou réalité ?

. Événements éco-conçus : simple business ou acteurs du changement ?

. Profits durables : mythes ou réalité ?

. Tourisme & IA : opportunité ou bullshit ?

. La Génération Z en vacances : influenceurs ou influencés ?





... et pour "ouvrir les chakras" et "gratter"


Ce qui a présidé au choix des sujets ? « On voulait des sujets larges » explique Pierre, « des sujets au coeur de l’actualité, voire un peu prospectivistes ou, à tout le moins, avec un temps d’avance », complète Perrine. Des sujets qui peuvent gratter mais traités sans se fâcher. Sur les mobilités douces, par exemple, l’angle retenu a été celui de la place de la femme dans ce secteur-là. Avec comme experte externe Sophie de Sagazan, l’énergique fondatrice d’À Vélo Sophie que nous avions interviewée il y a quelques mois. Un épisode (d)étonnant. « D’une certaine manière, on a un peu dépoussiéré notre manière de faire. On aurait pu avoir une communication très institutionnelle sur ces sujets mais on a voulu libérer la parole, être sur des sujets qui piquent un peu, avec une pointe d’impertinence, tout en restant équilibrés dans nos réponses. L’idée, c’est qu’on avance et qu’on ne fasse pas peur » poursuit Pierre. Et Perrine de conclure « L’idée c’est de continuer à sensibiliser, de nourrir la réflexion, de donner des pistes et d’ouvrir les chakras ».



Halte sur la Flow Vélo, piste cyclable qui parcourt la Charente.



40% des gens ne partent pas en vacances


En écoutant quelques épisodes, on s’est rendu compte de la richesse des sujets, inhérente à leurs angles inattendus, les rendant réellement passionnants, loin des clichés et autres idées reçues. Par exemple, dans l’épisode « Vacances pour tous », on est tombé de notre chaise en apprenant que certaines personnes ne partent pas en vacances du fait qu’il ne leur vient « tout simplement » pas à l’esprit que les vacances sont un droit qu’elles ont (au-delà même de l’aspect financier qui est bien entendu aussi un souci pour certaines d’entre elles) et/ou qu’elles ne savent tout simplement pas comment s’y prendre. C'est le cas de pas mal d'agriculteurs et de personnes au chômage. De même, partir en vacances pour les personnes en situation de handicap est aussi un vrai sujet de stress pour elles. Pour des raisons tour à tour pratiques, économiques, juridiques, culturelles… En France, 25 millions de personnes ne partent pas en vacances, soit 40% de la population. Près de 80% des cadres partent en vacances là où seulement 47% d'ouvriers le font. Bref, les vacances sont un énième élément qui illustre bien les fractures qui existent au sein de populations de pays dits "développés". Pour connaître quelques pistes qui tentent de répondre à cette problématique, nous vous recommandons l’écoute de l’épisode. Également coup de coeur de Pierre.




"Les vacances, une bulle dans une année chargée"


Pour conclure, on a demandé à Perrine et Pierre quelle était leur vision du tourisme. « C'est une activité de rencontres, avant tout positive, une activité de découvertes. Découvertes de territoires, de personnes, d’activités, d’histoire… Pour moi, ça représente d’abord ça. Mais je me retrouve dans la raison d’être de Charentes Tourisme et il faut lier cette activité positive avec la nécessité d’évoluer vers cette notion d’équilibre. Le monde évolue, il faut qu’on s’adapte », s'enthousiasme Perrine. « Pour moi aussi c’est la découverte. Mais aussi le bonheur. Les vacances, c’est une bulle dans une année chargée. Les vacances, c’est des souvenirs heureux, les souvenirs de premières fois, d’expériences », ponctue Pierre. Quant à leurs petits coins de bonheur dans les deux Charentes, il faudra écouter le podcast pour les découvrir...

Et vous, c'est quoi votre vision du tourisme et vos petits (et grands) souvenirs touristiques ?


Tiens, d'ailleurs, on trouve que "touriste", c’est pas super beau comme terme. On dirait des gens qui font des tours. Un peu comme des chevaux dans des manèges. Et si on trouvait un mot plus en phase avec la raison d’être de Charentes Tourisme : visiteur·euse ? Voyageur·euses ? Hum, basique. Découvreur·euses ? Rencontreur·euses ? Cherche-merveilles ? On prend vos idées...






Objectifs de développement durable de l'ONU en lien :






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