À L’Aubreçay, lieu-dit situé sur la commune de Saint-Xandre tout proche de Nieul-sur-mer, l’Entraide protestante de La Rochelle possède depuis 1916 un petit jardin d’Eden qui s’étend sur 4,5 hectares environ : le domaine de L’Aubreçay. Courant 2021, alors que le site tend à se dégrader, l’association imagine en faire un lieu de convergences alimentaire et nourricier, dédié aux coopérations et à la solidarité, mission historique de l’Entraide. Coeur battant de ce tiers-lieu dénommé « Les Jardins de L’Aubreçay », une activité de maraîchage biologique a pu y voir le jour en 2021, en partie grâce au projet France Relance et à la Communauté d’agglomération de La Rochelle. Marc, cheville ouvrière du domaine, nous raconte son histoire… et nous fait découvrir les autres projets dont recèle cet endroit.
Les premières fraises bio de La Rochelle et du bon manger pour tout.e.s
Depuis 1976, les terres du domaine sont cultivées de manière naturelle et biologique. C’est donc sans mal que Les Jardins de L’Aubreçay ont obtenu la certification biologique dès la première année d’exploitation en maraîchage de presque un hectare du domaine. On y cultive fruits et légumes des quatre saisons sur une terre saine qui dispose en plus d’une abondante ressource en eau. De sublimes vergers - restaurés par un arboriculteur local, Benoît Biberon - viennent compléter l’offre de produits vendus toute l’année par l’association, en direct sur le domaine, à l’épicerie solidaire de Mireuil ou via la soupe populaire gérée par le CCAS. La petite fierté de Marc, que Les Jardins de L’Aubreçay soient les premiers producteurs de fraises bio du territoire. Sa vraie fierté, c'est que les personnes les plus démunies puissent accéder à une nourriture saine à faible coût, sans craintes : « Via l’épicerie solidaire, on vend des aubergines à 20-30 centimes le kilo par exemple. Alors au début, les gens se sont méfiés. Ils ne pensaient pas que le bio pouvait être pour eux. Traditionnellement, ils se détournent de ces produits, par réflexe. Et bien en 48h, on a réussi à inverser la tendance ».
En France, 9,3 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (Insee 2019).
L’aide alimentaire en France concerne 7 millions de personnes (Cocolupa, 2020) : un chiffre sous-estimé par rapport aux besoins réels, la demande d’aide alimentaire restant une démarche souvent difficile ou mal connue.
(Dans le même temps, un.e français.e gaspille 20 kg de nourriture par an selon l'Ademe.)
Mathilde et Boris, un duo de maraichers vertueux (et joyeux)
Mathilde et Boris se rencontrent lors de leur formation au lycée horticole et du paysage du Petit Chadignac à Saintes. Ensemble, ils répondent à l’appel d’offres que l’Entraide protestante a lancé pour trouver les maraichers qui cultiveront la bonne terre du domaine de L'Aubreçay en 2021. Retenus, ils y produisent depuis, via la société civile d’exploitation agricole qui les lie à l’Entraide, fruits et légumes sur près d’un hectare. Leur mission : assurer la préservation agro-écologique des terres du domaine et dédier la moitié de la production à la lutte contre la précarité alimentaire. Leurs outils : des terres bio (vous aviez compris), tendre vers des pratiques de maraîchage en sol vivant (bon pour la séquestration du carbone et le vivant), restaurer la biodiversité sur le site et assurer une bonne gestion de la ressource en eau. Leur plus (si on considère que tout ce qu’il y a avant ne l’était pas déjà) : être des maraichers quatre saisons et proposer des paniers suspendus.
N’hésitez pas à aller les rencontrer au domaine lors de ventes de paniers :
- les vendredis de 16h à 19h
- les samedis de 9h à 13h
Note de service : Mathilde et Boris sont à la recherche d’apprentis pour transmettre leur savoir-faire (car comme dirait Mathilde « ils ne sont que des passeurs ») et développer leurs multiples projets (pour lesquels il faut des bras !). À vos candidatures : contact@maraichers-aubrecay.fr
Alter Gaïa, l’acteur local du compost bio
Dans l’écosytème de L’Aubreçay, Alter Gaïa joue un rôle clé puisque cette association est spécialisée dans la collecte des déchets organiques sur le territoire rochelais. À partir desquels elle produit du compost certifié bio qui sert avant tout à nourrir les terres de L’Aubreçay. Rencontre avec Lucas, un des trois fondateurs.
Un tiers-lieu, de multiples projets…
Rappelons que, propriétaire du domaine de L’Aubreçay, l’Entraide protestante de La Rochelle a comme mission historique la solidarité, en particulier alimentaire. Avec ce nouveau tiers-lieu, elle entend forcément mener à bien des projets en ce sens. Parmi lesquels :
- la création de chantiers d’insertion par le maraîchage, portés par la Frat’ mission populaire, pour aider les personnes éloignées de l’emploi à développer des savoir-faire utiles à leur réinsertion professionnelle et leur inclusion dans la société ;
- le développement d’un lieu de transformation alimentaire, déjà exploité a minima par les associations et entreprises locales comme le Secours catholique, Aux Arbres citoyens, Pas de gâchis entre nous, etc. La légende raconte même que les premières confitures de fraises bio de L’Aubreçay y ont été confectionnées par Robin, mari de Boris ;
- la création de jardins partagés accessibles aux personnes en situation de handicap en cours de co-construction avec les associations spécialisées pour que les bénéficiaires soient associés à la conception de ces espaces (tiens, et si on intégrait les personnes bénéficiaires des projets en amont de la conception plutôt qu’à la fin ?) ;
- l’aide aux réfugiés à qui il est proposé de participer aux ateliers de transformation de produits. Actuellement, 11 réfugiés sont hébergés « au château » et un projet d’extension des capacités d’hébergement est en cours de réflexion.
L’Aubreçay est vraiment un endroit où on cultive et où tout pousse. Les légumes, l’entraide, les coopérations, la solidarité, les belles rencontres… Et tout est certifié bieau !
En savoir + : https://jardins-aubrecay.org
Objectifs de développement durable de l'ONU en lien :
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