Le NANOmusée : un trésor de médiation scientifique pour tous ?
- lespandasroux
- 19 oct.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 oct.
Développé par La Rochelle Université et inauguré en 2023, le NANOmusée est un petit musée modulaire et itinérant né d'un dialogue entre scientifiques et artistes qui a vocation à aller à la rencontre des populations géographiquement ou socialement éloignées d’une offre culturelle. À l’été 2025, nous nous sommes rendus au centre socio-culturel Vent des îles qui hébergeait ses six modules pour quelques semaines. Reportage.
Module "Albatros" du NANOmusée, dans la salle polyvalente du centre Vent des îles
Combien de temps vit l’albatros, ce géant des mers monogame ? Et combien de temps passe-t-il en mer ? À quoi ressemble un alguier du XVIIIe siècle ? Et un paysage sonore décarboné ? Vous trouverez réponses à ces questions passionnantes au NANOmusée. Un petit musée modulable et mobile, développé par La Rochelle Université, en partenariat avec des laboratoires de recherche et des artistes, qui mêle découvertes scientifiques et méditation artistique pour aller à la rencontre des populations qui vivent sur des territoires où l’offre culturelle n’est pas très dense.
Entretien intégral avec Valérie Marchal-Gaillard, cheffe de projet NANOmusée pour La Rochelle Université
Développement durable et zone littorale
Si la vocation du NANOmusée c’est de faire dialoguer artistes et scientifiques pour décloisonner les disciplines et toucher tous les publics, sa colonne vertébrale, c’est d’inscrire ses modules dans le cadre du projet LUDI de La Rochelle Université : Littoral, Urbain, Durable, Intelligent. Les six modules du NANOmusée traitent de thématiques en lien avec le développement durable et la zone littorale. En plus du module Albatros, les visiteuses et visiteurs découvriront cinq autres modules :
L’Alguier – de l’artiste Gwen Le Gac et l’enseignante-chercheuse Ingrid Arnaudin (laboratoire LIENSs). Ce module célèbre la diversité des espèces d’algues, rend justice à leur beauté et invite à se questionner sur les préjugés concernant ces végétaux.
Archéologie du silence | Paysages ensevelis – de l’artiste Emmanuel Faivre et l’enseignante-chercheuse Eve Lamendour (laboratoire EOLE). Un paysage sonore en deux volets qui immerge les visiteur·euses dans un monde entre présent et futur : un voyage vers la Communauté d’Agglomération de La Rochelle en 2040.
Béton acharné – des artistes Pauline Rolland & Yuri Zupancic et les enseignants-chercheurs Emilio Bastidas-Arteaga et Rachid Cherif (laboratoire LaSIE). Un diptyque composé d’une sculpture et d’une oeuvre vidéo qui interpelle sur le rapport de force entre les constructions de l’homme et la nature.
Fenêtres sur mer – de l’artiste Anouck Boisrobert et des chercheurs des laboratoires L3i et LIENSs. Quatre paysages faits de papiers, de superpositions et de jeux d’ombre qui invitent à découvrir la diversité des études permises par le drone marin PAMELI, robot flottant qui explore le littoral.
L’Observatoire – de l’illustratrice Junie Briffaz et l’ingénieure de recherche Sophie Laran et l’équipe de l’unité d’appui à la recherche PELAGIS. Il nous emmène à la rencontre de l’incroyable diversité des oiseaux, des mammifères marins et des autres mégafaunes évoluant au large de la côte atlantique
Nano musée, giga succès ?
Depuis son lancement en avril 2023, le NANOmusée s’est exposé dans une vingtaine de lieux de Charente-Maritime, accueillant déjà quelque 4000 visiteurs et visiteuses « grand public » et 1400 scolaires. Médiathèques, écoles, centres socio-culturels… le NANOmusée prend ses quartiers là où un peu d’espace lui est offert : dans un hall, un couloir ou dans une salle plus ample, sa forme modulable s’adaptant à (presque) tous les espaces. La seule petite « contrainte » est de pouvoir l’accueillir durant au moins trois semaines, histoire que les publics aient le temps d’en profiter. Comme ce fut le cas cet été au centre socio-culturel Vent des îles (des quartiers La Pallice, Port-Neuf et Chef de baie) où nous avons réalisé le reportage en tête d’article.
Entretien intégral avec Manue, référente enfance (emblématique) du centre Vent des îles
Livraison et formation clé en main
Avant son installation, les équipes du NANOmusée effectuent un repérage dans le lieu d’accueil pour voir où ses modules - au moins 3 sur les 6 - peuvent élire domicile. Le personnel du lieu est ensuite formé à la médiation et se voit proposer activités et productions autour des modules exposés. Un catalogue les recensant a d’ailleurs été créé et ne cesse d’être enrichi grâce aux apports des structures accueillantes qui redoublent d’idées et de créativité pour faire vivre les thématiques exposées. Sur lesquelles La Rochelle Université s’appuie pour faire de nouvelles propositions. Une boucle d’enrichissement vertueuse en somme…
Un point d’appui pour les chercheur·euses
Dans le panel d’activités qu’offre le NANOmusée, il en est une particulièrement réjouissante : faire se rencontrer chercheur·euses et publics. Nous avons eu le plaisir d’assister à un échange passionnant et passionné entre Ghislain Doremus, ingénieur biologiste pour l’Observatoire PELAGIS, et le jeune public du centre Vent des îles, des enfants de 6 à 10 ans. Particulièrement intéressés par les croquis et photos de cétacés présentés par Ghislain. Mention spéciale à la reproduction de crâne de dauphin qui a fait son petit effet. Un temps hors les murs du labo précieux pour le biologiste qui permet de donner corps au savoir accumulé en le partageant avec un public conquis.
Entretien intégral avec ghislain, ingénieur biologiste pour l'Observatoire PELAGIS
Éco-conception et open source
Pour développer les modules, des résidences d’artistes ont été organisées, permettant aux artistes des immersions de demi-journées ou journées entières à l’université pour découvrir le travail des chercheur·euses et échanger avec eux, en particulier pour comprendre et faire passer le message principal de chaque module. Et inversement : présenter leurs travaux d’artistes aux chercheur·euses qui qu'ils et elles s’en imprègnent. Les modules, cubiques et tous de mêmes dimensions, sont éco-conçus, construits à partir de matériaux accessibles et pensés pour être facilement réplicables. Les plans sont d’ailleurs disponibles en open source pour permettre leur appropriation et amélioration, dans une démarche d’enrichissement mutuel et continu.
Signe que toutes les facettes du NANOmusée sont au vert, le dispositif vient tout juste d’être lauréat du France Design Impact Award (8 octobre 2025). Ce prix récompense les projets à impacts positifs pour la société en accélérant les transitions environnementale, économique et sociétale. Décidément, le nano(musée) est géant !
Objectifs de développement durable en lien :
















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