top of page

Grenoble fait d’un donut la boussole de ses politiques publiques !

lespandasroux

Capitale verte européenne 2022, la ville de Grenoble a décidé de faire de la théorie du donut sa boussole pour inscrire ses politiques publiques territoriales dans la bifurcation écologique et sociale. Elle a ainsi réalisé son Portrait Donut, établi une grille d'évaluation et formé ses agents à cet outil d’aide à la décision. Mais qu'est-ce que la « Théorie du Donut » ? Comment, concrètement, la décliner aux politiques d'un territoire ? Éléments de réponse avec Antoine Back, adjoint au maire de Grenoble et Nathalie Le Meur, cheffe de projet Donut à la ville.





Imaginez une cour de récré comme on en a connu : du bitume, du bitume et encore un peu de bitume. Et, ici ou là, un arbre… qui jaillit du bitume. Et, bien sûr, un terrain de foot en son coeur. D’un point de vue purement « bilan carbone », casser le bitume pour aménager la cour de manière plus végétale, sûre et équitable n’est pas une opération positive (coût énergétique des machines, des nouveaux équipements, etc.). Pourtant, le réaménagement de la cour de récré a d’autres vertus : désimperméabilisation des sols, végétalisation, meilleure répartition de l’espace entre les jeux des filles et des garçons (la transversalité peut être pensée aussi !), des espaces plus sécurisés et potentiellement vecteurs de pédagogie (bacs à légumes, hôtels à insectes, etc.), réintroduction de la biodiversité, meilleur cadre de vie pour les élèves et le personnel, etc. Alors on peut arriver à la conclusion qu’émettre un peu de gaz à effet de serre pour en retour n’obtenir que des avantages, est une décision qui coule de source avec « un peu de bon sens ». On peut. On peut aussi se doter d’outils d’aide à la décision pour arbitrer chacun des projets portés par la ville quand la décision « de bon sens » est un peu moins consensuelle. C’est le choix qu’a fait Grenoble en 2022 en réalisant son Portrait Donut, une sorte de cartographie de son territoire sauce donut.



La Théorie du Donut, c’est quoi ?


C’est une théorie développée par l’économiste Kate Raworth qui définit un espace de développement « sûr et juste » pour l’humanité dans les limites charnues d’un donut. Oui, oui, ce gâteau gras et sucré très prisé des policiers (en tout cas, dans les séries américaines). La limite intérieure du donut est le plancher social en dessous duquel aucun humain ne devrait vivre. Il définit ses besoins essentiels et droits fondamentaux : accès à l’eau, santé, éducation, justice, accès à la nourriture, à l’énergie, à l’emploi, revenus décents… La limite extérieure du donut représente les limites planétaires (certains parlent de « frontières planétaires ») qu’il ne faudrait pas dépasser pour préserver l’habitabilité de la planète sous peine d’entrée dans une instabilité systémique. Ces limites planétaires, ce sont neuf processus biogéochimiques qui ont des relations entre eux : l’érosion de la biodiversité, le réchauffement climatique, les pollutions chimiques, l’appauvrissement des sols, l’utilisation de l’eau douce, l’acidification des océans, les cycles de l’azote et du phosphore, etc. Cette théorie, la ville de Grenoble a décidé d’en faire un outil pratique pour arbitrer ses choix politiques.



Théorie du Donut - © Droits réservés
Théorie du Donut - © Droits réservés




Réalisation d’un Portrait Donut


On passe rapidement sur le fait que l’adoption de la Théorie du Donut est une sorte d’évidence pour la ville de Grenoble qui fut Capitale Verte Européenne en 2022, dont le maire est un élu écologiste depuis 2014 et qui souhaitait « sortir des approches classiques de gestion publique [qui] établissent une priorité à la gestion budgétaire, et donc financière, sans pleinement prendre en compte les enjeux environnementaux ou sociaux ». Pour mettre en pratique cette vision systémique de la Théorie du Donut à l’échelle de son territoire et répondre à cette envie d’élargir et affiner les critères de prise de décision, la ville a donc réalisé son « Portrait Donut ». Concrètement, ça veut dire réaliser un diagnostic global et transversal - selon 27 critères sociaux et environnementaux en l’occurrence - pour établir un état des lieux et savoir où la ville se situe en matière de transitions par rapport aux objectifs visés. Il s’agit d’une cartographie multicritères à prendre comme un point de départ, un repère dans le temps pour juger des avancées (ou non) dans l’atteinte des objectifs fixés. Que l’on peut résumer à la conduite de politiques publiques qui garantissent à tou·te·s les citoyen·nes des vies « sûres et justes »… Ce Portrait Donut a donné lieu à une représentation graphique assez visuelle qui permet (presque) en un coup d’oeil de situer les points forts et les points de vigilance de la ville.



© Ville de Grenoble
© Ville de Grenoble


Grille d’analyse environnementale et sociale


Inspirée du Portrait Donut, une grille d’analyse environnementale et sociale a été créée pour aider à la décision et faciliter les arbitrages budgétaires des projets d’investissement de la collectivité. Elle se décompose en 6 axes majeurs - Changement climatique, Biodiversité et écosystèmes, Gestion des ressources, Santé humaine, Cohésion sociale et Justice sociale - puis en 18 sous-axes d’analyse et 36 critères d’impact. Pour chaque critère d’impact, un barème de cotation permet d’évaluer la qualité des réponses apportés par le projet : très forte contribution positive, moyenne contribution positive, faible contribution positive, faible contribution négative, moyenne contribution négative, très forte contribution négative… En résulte un questionnaire qui permet une analyse fine et multicritères des projets. Bien que réfléchie et la plus globale et transversale possible, cette nouvelle méthodologie d’évaluation des projets n’est pas parfaite. Elle reste une méthode anthropocentrée, sujette à des biais et surtout en pleine phase exploratoire, comme l’écrit noir sur blanc la ville dans son rapport (qu’on vous recommande chaudement).



© Ville de Grenoble
© Ville de Grenoble


Formation des agents et sensibilisation des citoyen·nes


Penser une telle grille d’analyse des projets est une chose, la mettre en oeuvre en est une autre. La ville a choisi de former tous ses agents à l’administration de ce questionnaire via des formations-actions pour en faciliter l’appréhension et la portée. Elle sensibilise également les citoyen·nes à cette méthode lors des grands événements de la ville (marché de Noël, Été Oh ! Parc, Cabaret Frappé…) grâce à la « roue de la transition » par exemple, idée calquée d’une célèbre émission TV qui permet d’introduire le donut facilement. En attendant un projet « Donut Citoyen » qui tentera de mobiliser les personnes éloignées de ces sujets dans une approche d’éducation populaire et de démocratie participative. À ce stade (on a oublié de demander), l’histoire de dit pas si l’organisation de grands banquets populaires pour réaliser des donuts à base de produits anti-gaspi (comme on en eut vu sur notre beau territoire rochelais) est un outil de sensibilisation imaginé par les services de la ville. On s’est un peu troué sur ce coup-là, à charge de revanche !

















Objectifs de développement durable de l'Onu en lien :



67 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


© 2022, Les Pandas Roux 'LR. 

  • Noir Icône YouTube
  • Facebook
  • Twitter
  • Instagram
bottom of page