Du 10 au 14 juillet se tenait la 40e édition des Francofolies de La Rochelle, un festival musical devenu incontournable dans le paysage national et international. Si la programmation est pointue, éclectique et rassemble toujours les foules sur la scène Jean-Louis Foulquier, de nombreux rendez-vous attirent, en dehors, un public varié sur des sujets sociétaux majeurs et plus que jamais d’actualité.
Panorama (pas du tout exhaustif) de cette 40e édition
« Quand on me demande ce que c’est le travail de co-directrice des Francofolies, je réponds que c’est de raconter des histoires. C’est ça qu’on fait aux Francos, on raconte des histoires. » Cette déclaration d’Émilie Yakich, co-directrice des Francofolies de La Rochelle depuis trois, tenue sur la scène du village Francocéan (dont on reparlera plus bas) elle nous touche forcément chez Les Pandas Roux. D’abord parce que notre travail c’est aussi de partager de belles histoires et qu’on croit à leur pouvoir fédérateur et moteur de changement. Ensuite parce qu’on observe depuis quelques années que les « Francos » s’efforcent de multiplier les portes d’entrées pour embarquer les gens dans une histoire que nous devons collectivement écrire : la transition écologique et solidaire. Et que le festival essaye de le faire en émerveillant. Enfin, parce qu’au-delà des intentions posées dans ce domaine, les actes suivent dans l’organisation des Francos, certifiées ISO 20121 « événementiel durable » en 2021, qui cherchent à réduire leur impact écologique et à être plus inclusives. Émilie Yakich nous en parlait dans un entretien réalisé l’année dernière en marge de la 39e édition.
Quelques actions concrètes et significatives mises en place par les Francofolies durant le festival.
ÉCOLOS LES FRANCOS ?
Cette année, une question nous taraudait.
C’est pas le tout d’agir (en vrai, c’est quand même l’essentiel) mais agir et le faire savoir pour que nos bonnes pratiques et les belles histoires rayonnent, qu’elles se confrontent et qu’elles s’enrichissent, c’est encore mieux. Alors on a posé cette question à des festivalier·e·s et autres personnes croisées dans notre belle Rochelle durant ces cinq jours : « C’est écolo, les Francos ? ».
Réponse dans ce micro-trottoir doublement particulier : 1/ il est réalisé en feat avec Eddy de Pretto (qui ne le sait pas !) ; 2/ La Moute (notre fidèle micro-canon) a eu un coup de mou et une partie des enregistrements - pourtant riches - est inexploitable. Ce coup de mou historique nous laisse, ainsi que certain·e·s interviewé·e·s, sans voix. Alors, ode à la période que nous traversons, nous misons sur l’adaptation dans une vidéo riche en (bio)diversité des formats :
L'IMPORTANCE DES NOUVEAUX RÉCITS
On rappelle qu'à l'échelle individuelle, les gestes les plus significatifs pour réduire son empreinte carbone, les pollutions et son impact sur les écosystèmes sont la réduction de la part carnée dans notre alimentation, l'adaptation de nos mobilités - décarbonées et partagées - et la réduction de nos consommations comme le montre le graphique ci-dessous réalisé par Carbone 4. Ce cabinet spécialiste de la décarbonation précise toutefois que les gestes individuels sont indispensables mais insuffisants. Ils doivent être suivis de changements collectifs structurels. L'un n'allant pas sans l'autre, repenser notre rapport aux gens, à l'ensemble du vivant et au temps est incontournable. Pour cela, deux impératifs : avoir accès à une information de qualité et se fabriquer de nouvelles, de belles (et rebelles) histoires.
FRANCOCÉAN, LE VILLAGE DES POSSIBLES
Riche de sa fibre écologique et sociale, les Francos ont créé le village Francocéan en 2019. Un espace ouvert à toutes et tous dédié à la sensibilisation aux enjeux sociétaux - en particulier écologiques - et à la détente. Tous les jours, de 11h à 23h30, les curieux·euses peuvent y déambuler à la rencontre des associations qui organisent de nombreuses animations et ateliers pour partager leurs connaissances, suivre une conférence placée sous le haut patronage de Cyril Dion et Paloma Moritz et organisée en lien avec la Fondation La Rochelle Université, se restaurer (au food truck végétarien de Matahari par exemple) et, le soir venu, écouter gratuitement un concert. Nous y avons fait halte, au stand de l'ONG Surfrider :
D’autres associations y étaient présentes comme les camarades de La Matière (spécialistes de l'économie circulaire qui recyclent chaque année la scène des Francos, entres autres !) et l’association Changeurs de Monde qui proposaient des « Ateliers circulaires » où l’on apprend par le faire (soi-même)… ici comment fabriquer un décapsuleur de poche en bois à partir de matériaux de récupération. Ou encore Blutopia, association spécialiste de la sensibilisation au lien entre océan et alimentation, qui proposait à la dégustation un surprenant tartare d’algues… Et bien d’autres structures et activités à retrouver ici, en attendant la prochaine édition.
VISIEAUNNAIRES, LES FRANCOS ? Nous écrivons ces lignes le dimanche 21 juillet, jour où Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, ONG de défense des océans aux actions « coup de poing » très médiatisées, a été arrêté au Groenland à la suite d’un mandat d’arrêt international émis par le Japon. Il risque une extradition pour s’être opposé à des navires de pêche à la baleine pratiquée de manière industrielle par le pays. Une pétition ayant déjà recueilli près de 450 000 signatures demande au président Macron d’intervenir. Cette arrestation intervient au lendemain d’une manifestation ayant rassemblé près de 6 000 personnes à La Rochelle contre les méga-bassines de Sainte-Soline, un exemple de maladaptation au changement climatique et à ses conséquences sur la ressource en eau. Sujet évoqué lors de la conférence « Eau, comment la préserver ? » au village Francocéan et bien expliqué dans cet article de Magali Rghezza et Florence Habets sur Bon Pote. Au regard de cette actualité chaude, on peut dire que les Francos ont eu le nez creux en dédiant la série de conférences du village Francocéan à la thématique de l’eau et des océans et en conviant un tas d’associations spécialistes de ces enjeux en son sein. Signe que le festival n’est pas hors sol et qu’il s’engage sur ces questions majeures. |
ALORS, FINIE LA BAMBOCHE ?
À la question « est-ce qu’un festival peut être écolo ? », la réponse a de grandes chances d’être non.
Accueillir des dizaines d’artistes (parfois internationaux) et des dizaines de milliers de spectateur·ice·s a un impact écologique (empreinte carbone, empreinte matières, pollutions… directes ou indirectes). Consciente, l’équipe des Francos essaye de « faire sa part », de manière très concrète et dans une approche holistique, on l'a vu. Le festival n’est probablement qu’au début de sa mue tant nos sociétés rentrent dans une période de profonds bouleversements qui nous imposent à toutes et tous de repenser nos modèles de développement. La question de maintenir ce genre d'événements énergivores peut se poser : faut-il en finir avec ces grands festivals ?
Chez Les Pandas Roux, on a une conviction : le monde enviable que nous appelons de nos voeux - ces 2030 Glorieuses, ce 2040 rêvé, les « jours heureux » - ne pourront advenir sans la culture et les artistes qui, en plus de nous faire vivre des émotions incroyables, sont toujours à l’avant-garde des histoires collectives que nous écrivons, que nous vivons. Cette quarantième édition l’a prouvée une fois encore avec des chansons fortes de Grand Corps Malade, Patrick Bruel, Zaho de Sagazan ou Eddy de Pretto… et, de manière encore plus évidente, avec Gaël Faure, auteur-interprète qui a participé de manière chantée (mais pas que) à la table ronde « Eau, comment la préserver ? » aux côtés de Gilles Boeuf, célèbre et respecté biologiste, et de Guillaume Choisy, directeur de l’agence de l’eau Adour-Garonne, répondant aux questions de Cyril Dion et Paloma Moritz.
Et puis, comme le disait Nietzsche : « Sans musique, la vie serait une erreur. »
Gaël Faure, auteur-interprète ; Guillaume Choisy, directeur de l'agence de l'eau Adour-Garonne :
Gilles Boeuf, biologiste (à la biographie remarquable longue comme le bras) ;
Paloma Moritz, journaliste responsable de service écologie de Blast ; Cyril Dion, auteur-réalisateur.
L’année prochaine, nous irons faire un tour du côté de l’école DOR où Éric Fottorino - écrivain-journaliste amoureux de La Rochelle et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le 1 - et ses invité·e·s ont « la mémoire qui chante ».
Objectifs de développement durable en lien :
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