MERVEILLEUSEMENT INSOLITE – Depuis plus de 10 ans, Olivier Lemire, écrivain-voyageur, parcourt la France à pied. Dans tous les sens. Mais pas dans n’importe quel sens. Il a marché de La Vie à La Mort, de L’Amour à La Haine, de L’Enfer au Paradis… Il a même failli nager dans Le Bonheur ! Nous avons eu le plaisir, à Paris, de croiser la route de « Celui qui marche ».
Comme nous, laissez-vous porter par une voix et un récit qui font du bien.
© Interview par Les Pandas Roux - Illustrations et vidéos d'Olivier Lemire
En 2008, las d’une vie confortable qui ne le comble pas totalement, Olivier décide de quitter son travail dans la com’ pour faire « autre chose ». Mais quoi ? Lui qui ne sait pas faire grand chose : « je savais marcher et j’aimais ça, c’est sûr, et j’étais pas trop mauvais à l’écriture », confie-t-il dans un sourire. Son goût pour la géographie française et la découverte des toponymes – nom donné aux lieux-dits – feront le reste : il marche désormais d’un lieu-dit à un autre, en quête de sens et de réponses à ses questions. Et s’invente, au passage, un métier : correspondant géographique.
Après avoir atteint L’Amour, il a fui Le Bonheur…
Son premier voyage, hautement métaphorique, il le fait entre La Vie, dans la Creuse, et La Mort, qui se situe juste à côté de Consolation dans le Doubs : « je me suis dit qu’on marchait tous de la vie à la mort et que c’était une bonne idée pour démarrer ce métier ». Tout un programme ! Suivront des voyages entre La Haine et L’Amour, Le Désespoir et L’Espoir, La Solitude et La Compagnie, vers les seize « Bout du monde » que compte l’hexagone même. Et tant d’autres.
© Olivier Lemire
Pour ses 50 ans, Olivier tentera même de nager dans Le Bonheur, une rivière, mais n’y parviendra pas. La raison ? « Un petit coup de mou », avoue-t-il dans un éclat de rire : « j’étais bon dans les délais, je suis bien arrivé devant la rivière le jour de mon anniversaire mais j’ai pas pu me baigner, j’ai fui Le Bonheur ! ». Pour la petite histoire, Le Bonheur coule sur quatre kilomètres avant de se jeter dans un gouffre qui s’appelle… La perte du bonheur. Un mal pour un bien peut-être...
Marcher vers Croissance en période de disette
Si la quête de sens est toujours présente dans les périples d’Olivier, d’autres motivations le guident : « je dessine mon parcours en fonction de mon actualité personnelle, de mes fantasmes aussi. Le voyage entre L’Enfer et Le Paradis, par exemple, j’avais choisi un « Enfer » dans le Morbihan et un « Paradis » en Charente, parce que je voulais voir la mer. C’est souvent une aventure esthétique ».
Un moyen de rompre avec la rectitude omniprésente dans sa vie professionnelle d’avant, aussi.
En 2013, alors dans une période « économiquement creuse », il décide de marcher vers Croissance, en partant de Précaire, dans La Manche, et « en passant par Viré, L’Argent, La Banque, La Bourse, etc. Enfin, un tas de trucs qui posaient problème à l’époque ».
© Olivier Lemire
De correspondant géographique...
« Je suis un correspondant géographique comme il y a des correspondants de guerre... Je raconte des histoires qui se nourrissent de ce que je vois sur les chemins, et des réponses aux questions posées aux personnes que j'y rencontre. Ces histoires sont nos histoires à tous. Je cherche à illustrer en marchant le sentiment mêlé de mystère et d'émerveillement du fait d'être posé là, sur terre ».
C’est comme ça qu’il se retrouve à demander à la dame qui gare sa voiture sur le parking de L’Inquiétude si elle est inquiète. Ou à la femme qui vit à équidistance de La Vie et La Mort ce que ça lui fait.
Parfois ésotérique, souvent sympathique, la rencontre avec les gens donne lieu à des récits qu’Olivier raconte dans ses livres, dans ses films, dans la presse, pour laquelle il rédige des sagas estivales, ou à des conférences.
© Olivier Lemire
... aux randonnées littéraires.
La rencontre, ça n’était pas son objectif principal en se lançant dans ces voyages au pays des lieux-dits, qui sont avant tout des voyages intérieurs. Plutôt taciturne et solitaire, Olivier confesse être « souvent en fuite avec les gens et ne passer qu’une dizaine de minutes à échanger avec eux», ce qui suffit à son travail de correspondant. Du moins au début, car au fil des kilomètres et au gré des rencontres, il apprécie de plus en plus ce contact qu’il évitait.Les randonnées littéraires sont ainsi nées, marches en groupe organisées sur les chemins empruntés par les hérauts de la littérature française. Une occasion, par exemple, de découvrir la cathédrale de Rouen avec le regard d’Emma Bovary, venue retrouver son amant Léon…
en passant par "guide accompagnateur"
Accompagner les gens, Olivier y a pris goût. En binôme avec Philippe Castan, coach-praticien de l’accompagnement professionnel, Olivier construit et co-anime, sur la base des thématiques de l'Entreprise ou de l'Institution (telles que "Le Bilan", "L'Alliance", "La Croissance", "Le But", "La Retraite", etc.), des stages intensifs de coaching et de formation pour des groupes, autour de lieux porteurs de Sens.
Depuis cinq ans, il marche avec les ressortissants d’un groupe de protection sociale vers La Retraite, lieu-dit de La Sarthe, pour les aider à passer ce cap de la vie professionnelle. Et savez-vous ce qu’il y a après La Retraite ?
Ah, il faut visionner la vidéo pour le savoir…
© Interview par Les Pandas Roux - Illustrations et vidéos d'Olivier Lemire
Vous l’aurez compris, tant qu’il y a de la marche et du sens, la tête et les jambes en somme, Olivier est rasséréné.
En 10 ans, il a ainsi fui Le Bonheur, fréquenté Le Paradis, s’est retrouvé bloqué aux portes de la Croissance (voir film Le Bout du Monde ci-dessous). Il a osé changer de métier pour changer de vie. Il s’est même créé un métier et travaille depuis à changer d’autres vies…
Bref, pas à pas, il s’est (re)trouvé. Il a surtout compris que le bonheur ne se trouvait pas au bout du chemin… mais que le bonheur, C’EST le chemin !
© Olivier Lemire : "Le bout du monde"
POUR EN SAVOIR PLUS : http://celuiquimarche.com
Objectifs de développement durable de l'ONU en lien :
Comments