La promesse d'Avatar Projet, porté par le collectif « Esprit 360 » installé à La Rochelle, c’est de permettre à toutes et tous de se déplacer simplement avec une empreinte qui soit la plus réduite possible sur l’environnement. Ils ont alors conçu un véhicule électrique ultra léger dont l’ensemble du cycle de vie a été pensé pour avoir un impact moindre de sa production à son utilisation quotidienne. Nous avons eu le plaisir de rencontrer Frédéric, co-fondateur de cet ORNI (Objet Roulant Non Identifié comme l’a baptisé l’Ademe), et avons pu tester ce véhicule à mi-chemin entre la voiture et la Rosalie. Fascinante découverte.
Et si la voiture n’avait pas dit son dernier mot ?
Bien sûr, chez Les Pandas Roux, on est adeptes de la marche, du vélo et des transports en commun que nous utilisons au quotidien pour nous déplacer (nous n’avons pas de voiture…), mais même avec l’envie d’être plus responsables, tout le monde n’est (f)actuellement pas en mesure de le faire. En périphérie des métropoles ou à la campagne, la voiture est quotidiennement indispensable à de nombreuses personnes pour se rendre au travail, conduire les enfants à l’école, faire ses courses ou simplement avoir accès à des loisirs…
Le saviez-vous ?
En France, 62,8% des 181 millions de déplacements quotidiens à moins de 80km de son domicilie se font en voiture. Ce qui porte la part de l’automobile individuelle à 54% des 31% d’émissions de gaz à effet de serre dont sont responsables les transports.
Si le besoin de mobilité est légitime, la réponse apportée doit être frugale
Et, à l’heure où nous devons changer nos comportements dans tous les domaines de la vie pour éviter d’aggraver la catastrophe écologique, est-il pertinent de faire rouler 1,3 personne en moyenne dans plus d’une tonne de matériaux non recyclables (entre 1990 et 2020, le poids moyen d'une voiture vendue en France est passé de 953 kilos à 1.233 tonne, selon l'Ademe) ?
Pour Frédéric, « si le besoin de mobilité est légitime, la réponse apportée doit être frugale et minimaliste ». Il développe donc, avec son équipe Avatar Mobilité, un véhicule électrique qui fera moins de 300kg et disposera d’une autonomie de 150km.
Objectif cycle de vie vert(ueux), haro sur les énergies grises !
Si les véhicules électriques émettent 77% d’émissions de CO2 en moins qu’une voiture essence en France (source : Ademe), ils ne sont pas plus propres que leurs homologues thermiques. Ils sont bien souvent plus lourds et pour la plupart ne s'intéressent pas à l’optimisation du cycle de vie. En d’autres termes, l’empreinte de leur énergie grise est bien plus importante que l’empreinte de leur énergie directe.
L’énergie grise, kézako ?
L’énergie grise, ou énergie intrinsèque, est la quantité d’énergie consommée lors du cycle de vie d’un matériau ou d’un produit : la production, l’extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise
en œuvre, l’entretien et enfin le recyclage, à l’exception notable de l’utilisation. L’énergie grise est en effet une énergie cachée, indirecte, au contraire de l’énergie liée à l’utilisation, que le consommateur connaît, ou peut connaître aisément. Chacune des étapes mentionnées nécessite de l’énergie, qu’elle soit humaine, animale, électrique, thermique ou autre. En cumulant l’ensemble des énergies consommées sur l’ensemble du cycle de vie, on peut prendre la mesure du besoin énergétique d’un bien. Si vous préférez les images, voici ce que recouvrent les énergies grises d’un produit (ça concerne l’ordinateur depuis lequel on écrit cet article et le smartphone depuis lequel (on espère que) vous nous lisez :
En conclusion, c’est un peu dingue (pour ne pas dire irresponsable) de construire des véhicules surdimensionnés pour nos besoins quotidiens qui consomment davantage d’énergie (en moyenne 8 fois plus) avant qu’ils soient entre nos mains que tout ce qu’ils vont consommer à notre service jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme…
Faible impact, grands enjeux (environnementaux, économiques et sociétaux)
Avatar Mobilité répond aux nouveaux usages de mobilité douce que nous impose (pour le meilleur !) la transition écologique et solidaire qui se traduisent dans le cadre législatif par :
. La Loi ZFE : toutes les agglomérations métropolitaines françaises de plus de 150 000 habitants devront comprendre une ZFE (zone à faibles émissions) d’ici au 31 décembre 2024.
. La Loi LOM : la loi d’orientation des mobilités (LOM) qui a pour objectif de redéfinir la mobilité des citoyens pour rendre les transports du quotidien plus accessibles, moins coûteux et plus propres.
Pour réduire drastiquement son empreinte sur l’ensemble de son cycle de vie, l’ORNI Avatar a plus d’un tour dans son habitacle. Il sera léger (moins de 300kg, on l’a déjà dit) et son design aérodynamique ainsi que ses panneaux photovoltaïques et sa recharge au freinage réduiront sa consommation énergétique à l’usage. En plus de répondre aux critères de sécurité imposés par la loi et d’être accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à un sur-élèvement du bas de caisse. Il sera enfin construit en matériaux recyclables, important pour sa fin de vie. Le tout permettra de ne pas émettre plus de 20 grammes de CO2 eq au kilomètre, soit cinq fois moins que la zoé, un des véhicules électriques les plus performants du marché dans le domaine.
Autre atout, la régionalisation de sa production… Si un site de construction pilote devrait vite voir le jour à La Rochelle, l’objectif final est de produire localement mais de manière globale. On explique. Ces voitures ont vocation à être produites partout dans le monde mais dans des chaînes de productions locales. Les véhicules seront alors commercialisés et utilisés à proximité de leur lieu de production, ce qui contribuera à réduire considérablement leur empreinte sur l’environnement mais aussi à développer l’emploi local. La réplicabilité est en effet une dimension essentielle du projet. Le modèle économique repose sur le partage des plans via l’open source et l’accompagnement des acteurs qui voudraient s’en saisir. Des véhicules pourront ainsi être construits aux quatre coins du monde et adaptés aux usages et aux contraintes des territoires et de leurs habitants.
Pour Frédéric, Avatar Mobilité est d’intérêt général puisqu’il permet de répondre à un triple défi : un besoin de mobilité croissant tout en réduisant son impact et en créant de l’emploi localement. Il espère commercialiser ces véhicules au prix abordable (pour un véhicule électrique) de moins de 10 000€ TTC. Signe que l’envie d’apporter une solution à un défi et non vendre le plus possible est ce qui anime Frédéric, il espère que ces « véhicules intermédiaires alternatifs » pourront intégrer les dispositifs de mobilité des collectivités sous la forme de flotte partagée : « on ne veut pas créer un besoin supplémentaire mais bel et bien apporter une réponse à un enjeu de notre temps ».
Maquette du véhicule intermédiaire alternatif du projet Avatar. © Avatar Mobilité
Premiers pas en 2022, commercialisation en 2024…
Depuis que l’idée a germé, plusieurs maquettes ont été élaborées sur le site d’Atlantech - le quartier bas carbone de La Rochelle - dont une à l’échelle un sur un fabriquée dans… du polystyrène ! Si cela parait curieux, nous avons eu le privilège de tester (voir vidéo ci-dessous) et c’est très convaincant. La preuve en est, le projet a déjà été plusieurs fois salué : 2ème prix au concours E5T, les Trophées de l’Innovation territoriale 2021 à visée de transition énergétique organisé par l’association E5T lors de ses Universités d’été à La Rochelle ; et Top 10 des pré-selections Time for the planet, association à but non lucratif qui finance des projets de transition écologique.
Si tout roule comme prévu, les premiers modèles devraient être testés sur les sites des ports de La Rochelle courant 2022 et commercialisés d’ici 2024. Comme le projet est également participatif, si vous êtes ingénieur.e ou passionné.e de mobilité, n’hésitez pas à partager vos idées sur le site : https://avatar-project.fr
En route !
Objectifs de développement durable de l'ONU en lien :
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