À Toulouse, ce sont 3 tonnes d’emballages jetables sont mis à la poubelle chaque jour. Devant ce chiffre astronomique et parce que des solutions simples sont possibles, sept motivé.e.s se sont mis en mouvement pour lutter contre ce gâchis de ressources naturelles, humaines et matérielles. C’est à travers leur projet En boite le plat que nous rencontrons Jonathan, un des co-fondateurs, qui se bouge pour le retour de la consigne dans la métropole toulousaine, notamment via la vente à emporter dans les restaurants.
Matières plastiques, transports polluants, ressources naturelles gaspillées, ici-gît l’arrière-boutique de la fabrication des couverts et autres ustensiles jetables que l’on a tendance à utiliser (mais vite oublier) lorsque l’on achète à emporter. Sans même prendre en compte la suite : une moyenne d’une vingtaine de minutes d’utilisation pour être ensuite jeté, incinéré, enfoui (recommencé à polluer, en somme). C’est une aberration, tout le monde en convient mais il est dans la nature humaine de céder à la facilité, qu’elle soit logistique ou économique. Pour contrer cela, il fallait un minimum se creuser la tête pour proposer un service qui soit aussi simple à coordonner, prenant en compte l’espace nécessaire au rangement mais également le côté pratique en après-vente (retour, lavage, économie, etc.). Est née l’idée d’En boîte le plat, service de plats consignés que l’on prend à emporter et que l’on peut rapporter chez tous les commerçants partenaires après utilisation.
Un service facile à adopter
Parce qu’il fallait qu’elle soit presque aussi facile à mettre en place qu’un stock de plats en plastiques qui s’empilent, un remue-méninge a d’abord été effectué entre les co-fondateurs de l’association et plus de 50 restaurants et commerçants intéressés par l’idée. Pour compléter, des enquêtes ont également été faites auprès des consommateurs afin de recueillir les suggestions et projections d’utilisation du service. De la proposition d’une consigne en verre, un plat Duralex apte à contenir vos futurs déjeuner, à sa mise en place concrète, c’est en co-construction avec les parties prenantes qu’a été pensée cette solution plus écologique que son pendant jetable en plastique et en carton.
L’idée est donc simple. Comme tous les midis (ou à chaque fois que vous snobez la cantine pour votre plat favori), vous récupérez dans votre restaurant, café, foodtruck, votre déjeuner dans une boîte consignée. Cinq euros vous seront demandés pour s’assurer que vous ne gardiez pas le plat en souvenir (ceci n’est pas le but de l’exercice) que vous les récupérerez après dégustation du dit repas dans un plat sain pour le corps et pour la planète (on part du contenant, pas du contenu hein). De nombreux commerçants font partie du réseau, ce qui vous permettra quelques infidélités à votre restaurateur préféré sans même qu’il soit au courant du subterfuge.
Après 3 mois d’essai chez 9 commerçants participants, le taux de satisfaction des consommateurs et des commerçants participants crèvent le plafond et l’équipe souhaite à présent étendre le service à d’autres commerces sur toute la métropole toulousaine.
Une logistique fluidifiée par une équipe motivée
Comme le dit Jonathan, « si les emballages plastiques ont autant fonctionné depuis leur mise en circulation, c’est qu’il y a de bonnes raisons, notamment côté stockage ». C’est donc un des premiers aspects auquel il a fallu s’attaquer avec les commerçants partenaires. Comment gérer assez de plats consignés sans que cela n’impacte trop l’espace, souvent réduit, des restaurants ?
Une des solutions a été trouvée dans la gestion post-vente. En effet, les restaurateurs disposent d’un certain nombre de plats en fonction de leur taille et de la fréquentation et l’équipe d’En boite le plat passe régulièrement afin de réapprovisionner en plats propres et récupérer ceux qui sont sales. Cette logistique s’effectue à vélo pour une réduction de l’empreinte carbone et le nettoyage est effectué chez un partenaire du projet. Fluide, ce fonctionnement permet d’être alerte par rapport aux besoins des restaurateurs et permet à l’équipe de mieux prendre en compte les flux de demande.
Remettre du collectif dans la machine
« La consigne, c’est aussi un témoin que l’on se passe (…) ça oblige à mettre en place un cycle qui intègre avec plusieurs parties prenantes ». Et c’est bien sur cet aspect collectif que l’association entend également travailler. En effet, si on ne s’en rend pas compte à la première utilisation, un service de consigne met en place un cercle vertueux à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, plus d’interactions sociales avec les commerçants et restaurants partenaires car, à moins d’être un.e grand.e sociopathe ou d’avoir vécu en dehors de toutes relations sociales pendant toute votre vie, vous ne vous adressez pas de la même manière à des humains qu’à une poubelle et rendre votre consigne amène à s’ouvrir un temps soit plus aux autres que juste d’ouvrir un bac à ordure.
Par ailleurs, parce que la logistique pour acheminer, préparer puis nettoyer votre plat implique d’autres interactions qui permettent notamment la création d’emplois sur un territoire (production des boîtes en verre en France, nettoyage des plats sur la métropole toulousaine, etc.).
Et qu’enfin, un réseau de partenaires se met en place progressivement. Comme le dit l’adage, « seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin » ou, avec les mots de Jonathan, plus pragmatique, « dans une société très individualiste, nous, ce qu’on essaie de construire, c’est un effort collectif et on essaie de le faire ressentir aux client.e.s, aux commerçant.e.s qui travaillent avec nous. A chaque fois que quelqu’un contribue, ça renforce l’impact du projet, et ça, c’est un aspect qui les touche particulièrement ». De la satisfaction personnelle d’avoir fait un petit effort pour le grand tout et notamment pour la réduction des déchets. De là à ce qu’une tortue des Galapagos vous dise merci, il n’y a qu’un pas, pensez-y en mangeant votre sandwich.
En boîte le plat, ce n’est que le début de l’aventure pour les co-fondateurs et co-fondatrices de ce chouette projet. A travers l’association qu’ils ont fondé, Etic Emballages, ils et elles souhaitent s’attaquer à la réduction des déchets dans d’autres pans de la restauration comme celle du service public, notamment dans les hôpitaux, des services à la personne, entre autres auprès des personnes âgées ou encore de la restauration collective. De quoi remettre du collectif dans de nombreux pans de la société et, ça, on adhère !
Objectifs de développement durable de l'ONU en lien :
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